Né à Santiago du Chili en 1911, Matta appartient à la seconde génération des peintres surréalistes. Emigré à Paris en 1933 et adoubé en 1938 par André Breton dès sa première rencontre avec celui-ci, il est invité à participer aux réunions du groupe. La rencontre d’Yves Tanguy semble avoir été particulièrement importante ainsi que l’adoption du procédé de l’écriture automatique qui libère l ‘expression de l’imagination. Dès le début de la guerre il s’exile aux Etats-Unis et participe à la mythique exposition « Artists in Exile », expose chez Julien Lévy, Pierre Matisse et Peggy Guggenheim. Grâce à son charisme et sa maîtrise de l’anglais il fait la conquête du milieu artistique new-yorkais et sera déterminant pour la naissance du surréalisme américain, ainsi que pour les prémices de l’expressionnisme abstrait de Pollock, Baziotes et Gorky.

Notre tableau exécuté aux alentours de 1972, illustre la profonde continuité surréaliste de l’art de Matta. Daniel Cordier, galeriste du peintre à Paris dans les années 50, mais aussi écrivain et critique nous éclaire sur l’automatisme pratiqué ici, méthode d’accès de l’artiste à sa propre profondeur psychique?: « Avec ce procédé (l’automatisme), il extrait de la conscience les figures qui y sommeillent. Ainsi, il a créé en quelques années un répertoire de formes inédites (…), science-fiction pour les uns, peuplement de martiens pour les autres, rayons X de fluides psychologiques pour l’auteur. Sa première richesse est la variété des interprétations qu’il propose ; son talent est la création d’un climat déroutant, ni faune ni flore, ni atmosphère ni espace, ni éclairage ni lumière, mais toujours les deux à la fois, intimement fondus dans chaque toile. »