Vente du 13/12/2020

Maison de vente : Gros & Delettrez .

Vente le : 13/12/2020 à 15:00.

Lieu : 22, rue Drouot - 75009 Paris.

Dimanche 13 décembre 2020 à 15h
Gros & Delettrez (live)
22, rue Drouot – 75009 Paris

EXPOSITIONS
Sur rendez-vous, si les conditions sanitaires le permettent.

Intèrenchères et Drouot Live

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Quelques lots

Etienne DINET (1861-1929)

Le bain des filles du Djenn’s, clair de lune

Huile sur toile
Signée en bas à droite.
81 x 65 cm

Estimé 180 000/220 000 €

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Lot 5

Etienne DINET (1861-1929)

Le bain des filles du Djenn’s, clair de lune

Huile sur toile
Signée en bas à droite.
81 x 65 cm

– Collection particulière
– Paris, Vente Drouot, Mes Couturier-Nicolay, 27/04/1983, n°35

– La vie et l’oeuvre de Etienne DINET, Catalogue raisonné, K. BENCHIKOU, D. BRAHIMI, ACR Edition, Paris, 1991, reproduit sous le numéro 304 page 230.
– 1933, F. ARNAUDES, Etienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim, mentionne sa conservation dans l’éphémère musée Dinet à Bou-Saâda. 1938, J. DINET-ROLLINCE, p.98. 1979, L. THORNTON, Connaissance des Arts, numéro spécial de juillet, repro. p. 116.

Œuvre en rapport
Une composition très proche « Fille de Djenn’s » reproduite dans « Tableaux de la vie arabe » illustré par Etienne Dinet et commenté par Slimane Ben Hibrahim, édition d’Art H. Piazza, Paris, page 70 à 73.

Nous remercions Monsieur Koudir Benchikou pour les informations qu’il nous a aimablement communiquées.

Etienne Dinet est à la fois le grand reporter et le grand poète de la vie algérienne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il décrit à la fois les sites géographiques, les coutumes et la vie quotidienne. Effectuant son premier voyage en 1884 il y séjourne régulièrement chaque été pour s’installer définitivement dans l’oasis de Bou-Saâda en 1904. Sa passion algérienne le conduit à apprendre l’arabe, à se convertir à l’Islam en 1913 et effectuer en 1929 le pèlerinage de La Mecque.

Notre tableau, le « Bain des filles du Djenns, Clair de lune » représente des êtres fantasmagoriques dotés d’ailes et d’une grâce incomparable : les filles du Djenns, le Roi des esprits magiques qui peuvent changer le cours de la vie des mortels.. Les contes des Mille et Une Nuits, dont le héros est Hassan el-Basri, font clairement la distinction entre les djinns pieux, animés de bonnes intentions et croyants, et les djinns maléfiques, ou « éfrits », que les illustrateurs représentent généralement sous des traits effrayants. « Tableaux de la vie arabe » illustré par Etienne Dinet et commenté par Slimane Ben Hibrahim décrit une composition très proche de notre œuvre. « Des hauteurs du ciel descendent les filles du sultant des Djenn’s (…) qui retirent leurs vêtements de plumes (…) n’ont pu résister au désir de se précipiter dans l’oued. (…) L’une des adolescentes est tombée à la renverse, le dos sur le dos de la rivière. (…) Assise sur un des rochers qui bordent l’oued, Aziza (…) regarde l’eau qui embrasse les corps et les cuisses ». Ces femmes enfantines aux corps dénudés et parfaits s’amusent dans un cours d’eau d’une oasis au clair de lune. Dinet met en scène cet instant de volupté en saisissant sur le vif les escouades et les jeux de ces femmes-enfants.
Tout dans ce tableau participe à la création d’une atmosphère onirique et fabuleuse se référant aux contes des Mille et Une Nuits. Le site enchanteur éclairé par la douce lumière de la nuit étoilée, les costumes fastueux et raffinés des filles du Djenn’s ainsi que leur beauté sensuelle nous plongent dans un tableau merveilleux évoquant le songe et la rêverie. On peut aisément deviner que ce sujet choisi par Dinet, lui-même fervent musulman, est à rapprocher de l’évocation du Paradis, monde de délices et d’intemporalité dans la mystique religieuse de l’Islam. La flamboyante palette impressionniste de Dinet est mise ici au service de cette représentation céleste et enchanteuse d’une oasis baignée de la fraîcheur des montagnes algériennes et de la forte luminosité des nuits du désert.
Mais cette évocation n’est pas uniquement inspirée par l’iconographie orientale et Dinet apporte une vitalité spécifique à cette représentation en saisissant le moment culminant de l’action, ici les ébats des jeunes filles dans l’eau. Les gestes théâtraux, l’expression des mains et des corps, les visages rieurs des deux jeunes femmes nues assurent une dynamique de l’action et une intensité scénique remarquable. Au premier plan à gauche, la jeune fille djinns assise semble s’amuser aussi de cette situation.
Dinet excelle dans ce tableau à traduire son engouement et sa passion pour le charme de Bou Saada et du sud algérien. La magie de cet instant de plaisir raffiné est magnifiée par la touche sensuelle du pinceau de l’artiste. Les reflets satinés de la lune sur la peau de ces femme-libellules, les remous des eaux phosphorescentes dans une nature fertile et verdoyante parachèvent une vision sublimée d’un Orient fantasmé si cher à l’auteur.

Estimé 180 000/220 000 €

Antoine Alphonse MONTFORT (1802-1884)

Halte des chameliers devant Nazareth

Huile sur toile,
Signée et datée 1840 en bas à droite.
Porte un tampon du marchand de couleur “a la palette”.
39 x 62,5 cm

Estimé 35 000/45 000 €

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Lot 1

Antoine Alphonse MONTFORT (1802-1884)

Halte des chameliers devant Nazareth

Huile sur toile,
Signée et datée 1840 en bas à droite.
Porte un tampon du marchand de couleur “a la palette”.
39 x 62,5 cm

Exposition d’œuvres portant le même titre
-Salon de Paris de 1844
– Salon de Paris de 1855

– Ad. Siret, Dictionnaire historique des peintres de toutes les écoles…, Bruxelles, 1848, p. 518
– L’Illustration, Journal Universel, n°61, volume 3, 27 avril 1844.

A son habitude, Montfort a exécuté deux aquarelles (préparatoires ?) à notre huile, de formats inférieurs et de compositions identiques. Il est plausible que notre tableau soit celui qui a été exposé au Salon de Paris en 1844 (puis reproduit dans l’Illustration de la même année, cf bibliographie).

Œuvres en rapport
-Halte des chameliers devant Nazareth le 30 novembre 1837, aquarelle signée et située en bas à gauche, 24 x 41 cm, vente Tajan 24/05/2011
– Fontaine à Nazareth, aquarelle signée en bas à droite, 20 x 26 cm, vente Gros & Delettrez 16/06/2014, n°1.

Les Peintres-Voyageurs au Liban au XIXe siècle furent peu nombreux. L’iconographie libanaise afférente très rare. C’est pourquoi l’œuvre de Montfort est précieuse pour les orientalistes.
Montfort séjourne deux fois en Orient. De 1827-1828, en tant que professeur de dessin à bord de la frégate La Victorieuse, il visite les îles grecques, Constantinople, et les côtes du Liban et d’Egypte. Son second périple, de 1837-1838, l’amène au Liban, en Syrie et en Palestine. La Bibliothèque Nationale conserve ses récits et manuscrits de voyages. Ses œuvres sont peu fréquentes sur le marché car l’essentiel de son atelier est conservé au département des Arts Graphiques du Musée du Louvre, (900 croquis, aquarelles et études). Pour le récit du voyage de l’artiste au Liban de 1837 à 1838, voir René Dussaud, « Le peintre Montfort en Syrie » (revue Syria 1920-1921, Paris, Librairie Paul Guetner, 1921).

Estimé 35 000/45 000 €